Journal LA MONTAGNE - 9 novembre 2008

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Non. La réponse des habitants est franche et massive. Ils ne veulent pas de centre de tri sur leur commune, et ne comptent pas se laisser faire.

Au début, ce n'était que de simples ouï-dire. Puis, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre parmi les habitants de la commune de Saint-Beauzire : l'implantation d'un centre de tri et d'enfouissement de déchets ménagers et industriels banals serait à l'étude. Qui ? Quand ? Quels déchets ? Le Conseil communautaire du 27 octobre a eu beau rajouter la question à l'ordre du jour (voir notre édition du 29 octobre), le flou subsiste.

« Il n'y a eu aucune commande publique, c'est une initiative purement privée » avait alors précisé le conseiller général Jean-Noël Lhéritier qui s'était entretenu avec les représentants du groupe Pizzorno, porteur du projet. Et il l'a répété vendredi soir, à la salle polyvalente de Saint-Laurent Chabreuges, mais cette fois-ci face à plus de 150 citoyens, sceptiques.

« 130 hectares de terres cultivables, loués par trois agriculteurs... On ne nous fera pas croire que personne n'était au courant, à commencer par la Chambre d'agriculture », s'indigne Serge Mondani, vice-président des Amis de Saint-Beauzire. L'association, présidée par Louis Lagrange, avec l'ACCA, est à l'origine de cette réunion publique.

Face à eux, hier, une salle comble : ils sont riverains, chasseurs, pêcheurs, défenseurs de l'environnement ou simples citoyens. Tous sont inquiets, et veulent des réponses. Dans la salle, les élus se comptent sur les doigts d'une main. Les habitants devront se contenter de recouper les informations glanées au cours de discussions informelles.

« Le 20 octobre, confie Serge Mondani, je me suis entretenu avec les propriétaires du terrain concerné, un domaine de près de 130 hectares au lieu-dit Vazeillette. Ils m'ont confirmé qu'une étude allait être lancée pour implanter un centre de tri ».

Un dossier « bien plus avancé qu'on le prétend », jugent beaucoup. Et leurs suspicions ne s'arrêtent pas là : « on nous parle d'un centre de 20 hectares, pourquoi en louer 130 ? ». « S'il s'agit bien d'ordures ménagères, quelle est la nature des déchets qui vont être enfouis ? En quelle proportion ? ». Dans la salle, personne ne croit en la version officielle. Entre les rangs, circulent les mots « déchets inertes » et même « amiante ». Ils ont peur. Pour leur cadre de vie, pour leur santé, pour leur tranquillité, pour leur patrimoine naturel dont le bassin de la Vendage situé à proximité du site, et même plus encore. « Ce n'est pas qu'une commune, mais tout le Brivadois qui est touché » prévient Louis Lagrange. Et l'assemblée ne tarde pas à montrer du doigt.

« C'est aux élus de régler ça ! » lance une habitante. Le Plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés est rapidement mis sur le tapis. « En révision depuis sept ans », annonce Jean-Noël Lhéritier.

La faille est pointée. La réalité ? Personne ne sait que faire des déchets. « Chacun devrait gérer ses propres ordures, nous ne voulons pas récupérer les déchets dans un rayon de 300 kilomètres ! » martèlent-ils. « Après des projets qui ont échoué à Paulhaguet, puis le Pays de Blesle et enfin le secteur du Puy, c'est maintenant nous qui devons récupérer le cadeau ! Leurs déchets, qu'ils les gardent ! ».

Marie Coreixas , LA MONTAGNE

Environ « 80.000 tonnes » de déchets ménagers par an

Responsable des secteurs développement, traitement des déchets et recyclage pour la région Auvergne, au sein du groupe Pizzorno, Jean-Philippe Dessaulx explique que le projet, actuellement à l'étude à Saint-Beauzire, consiste à installer « un centre de tri, de traitement et de valorisation des déchets ménagers ».

En l'occurrence, tout ce qui compose la poubelle grise, car, selon lui, « il y a des choses à récupérer à l'intérieur, comme le papier, le plastique... ». Ou encore les restes de repas, les épluchures de légumes.

Et ces déchets seraient « recyclés au maximum, nous espérons à 70% ». quant aux 30% restants, « ceux dont on ne peut rien faire », ils seront enfouis sur place. « Notre projet n'est pas ficelé », insiste Jean-Philippe Dessaulx. Une phase « d'études » (portance du sol, hydrologie, géologie, environnement...), étalée sur une année, déterminera si le site, au lieu-dit Vazeillette, peut accueillir la plate-forme. « S'il y a un impact négatif, rien ne se fera », assure-t-il.

La société envisage d'utiliser une cinquantaine d'hectares, sachant que la réglementation impose de laisser tout autour de la zone une bande de 200 mètres de large.

Sur place, l'équipement devrait se composer d'un bâtiment (centre de tri), d'environ 5.000 m², destiné à accueillir les camions pour qu'ils puissent vider leur contenu à l'abri du vent. L'aire de stockage occuperait 5.000 m² et la partie réservée à l'enfouissement également 5.000 m².

Sur la quantité de déchets traités par an, Jean-Philippe Dessaulx annonce autour « de 80.000 tonnes ».

Le projet est lié, semble-t-il, au Plan Départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés, porté par le Conseil Général de Haute-Loire, qui, selon le responsable de « Pizzorno Environnement », doit être révisé et validé par la préfecture. S'y ajoute l'enquête publique. Ce qui fait dire à Jean-Philippe Dessaulx, « qu'une installation ne pourra pas se faire avant trois ans ».

Jean-Luc CHABAUD -