Journal LA MONTAGNE - Lundi 16 mars 2009
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Pas de déchets ici. Ni ailleurs. Les opposants au projet d'installation d'un centre de tri à Saint-Beauzire, réunis sous la bannière de l'ASEB, veulent une autre solution. Mais laquelle ?

Marie Coreixas « Putride, irritante, irrespirable, nocive, mais aussi malformations, cancer... ». Les opposants au projet de centre d'enfouissement de Saint-Beauzire, désormais l'ASEB (association de sauvegarde de l'environnement en Brivadois), n'ont pas eu peur des mots. Faisant même fi de la présence dans la salle d'un huissier mandaté par le groupe Pizzorno, promoteur du projet.

Pendant près de quatre heures, samedi, à la Halle aux grains, ils ont mis en garde quelque 200 personnes, contre ce qu'ils qualifient de « catastrophe sociétale ». Photos et témoignages terrifiants de sites similaires à l'appui. Comme celui de Maillet, dans l'Allier où la société COVED exploite un centre d'enfouissement d'une capacité de 80.000 tonnes, équivalent à celui qui se prépare dans le Brivadois. Et le calvaire de ses riverains, que l'un d'eux est venu décrire à la demande de l'ASEB : la montagne d'ordures qui jouxte le clocher de son petit village de 360 habitants, les oiseaux et les rats, les déchets qui volent partout, le bruit, l'odeur, le défilé des camions... Et, le cancer de sa fille de 7 ans. Fatalité ?

« Vous devez vous battre ! », a-t-il martelé à l'assemblée. C'est bien leur intention. Depuis la dernière réunion, en novembre, les opposants ont créé une association, un blog (*), rencontré les élus, envoyé une cinquantaine de courriers, visité d'autres sites, recueilli près de 3.000 signatures sur leur pétition...

Mais l'inquiétude reste entière : « On nous annonce 80.000 tonnes alors que le domaine de Vazeillette, de 130 hectares, permettrait d'enfouir au moins 140.000 tonnes. Quel moyen de contrôle aurons-nous ? s'interroge Louis Lagrange, président de l'ASEB. Et pourquoi à Saint-Beauzire ? ».

Évidemment, revient sur le tapis la question des 28.000 tonnes de déchets du bassin du Puy-en-Velay. « On n'en veut pas ! », répètent les opposants. « Gabriel Gay, président du SICTOM-VALTOM, a déclaré ne pas avoir besoin des services de Pizzorno, rapporte Louis Lagrange. Les déchets de l'Yssingelais partent dans la Loire, il ne reste donc que ceux du Puy. Qu'ils trouvent une solution ! ».

Et justement, les solutions font défaut. « Ni ici, ni ailleurs, mais autrement », dit l'association. Autrement ? Faire payer au contribuable ses déchets au poids ? Mettre les citoyens face à leurs responsabilités ? « Un peu tard pour y penser », répond l'une des rares élus de l'équipe à Jean-Jacques Faucher présente dans la salle. Effectivement, à l'heure où Michel Joubert, président du SIVETOM, a mis un terme à l'étude d'un projet public de traitement des ordures du secteur du Puy, dixit l'ASEB, et avec un plan départemental de traitement des ordures qui se fait attendre depuis huit ans, il y a le feu au lac.Du coup, Pizzorno semble avoir le vent en poupe.

« Nous ne sommes pas responsables du manque de travail des élus », rétorque l'ASEB. Ni de leur mutisme... Mis à part la poignée d'entre eux qui ont manifesté leur soutien, les opposants attendent encore des prises de position de la part « des indécis et des muets ». Entre autres celle du maire de Brioude, Jean-Jacques Faucher ou de Gérard Roche, président du Conseil général. Celle-ci ne devrait pas se faire attendre, puisque ce dernier devrait rencontrer l'association jeudi.

« Nous ne gagnerons pas sans le soutien des habitants et des élus » rappelait le président de l'ASEB. Les habitants de Vertaizon, dans le Puy-de-Dôme, n'ont pu qu'approuver. Invités par l'ASEB, ils ont raconté comment ils ont réussi à faire échouer l'installation d'un centre d'enfouissement au Puy du Mur.

Preuve que rien n'est encore joué...

(*) http://nonauxorduresasaintbeauzire.blogspot.com/