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Opposée au projet d'implantation d'un centre de stockage des déchets à Villoncourt, l'association Cadémovi planche sur les arguments aptes à convaincre le préfet de ne pas lui accorder son feu vert.

Hydrogéologie, risques aviaires, centre de stockage, réglementation, immobilier… Les membres du Cadémovi - l'association qui se bat contre le projet de décharge de Villoncourt - vont devenir incollables sur ces matières. Normal, ils se réunissent toutes les semaines pour plancher sur ce si vaste sujet. Malgré l'été, la mobilisation ne faiblit pas. Et les tee-shirts imprimés avec le slogan " Ni ici, ni ailleurs mais autrement" sont arborés, histoire d'affirmer encore leur détermination.

Voilà un an déjà que la SITA, l'entreprise porteuse du projet, a pris ses premiers contacts sur place, au lieudit La Campagne, une belle clairière sise au milieu des bois, à l'extérieur du village. Ensuite, ont eu lieu les premières études sur site, en mars/avril puis en mai/juin.

Tous ces mouvements ont eu pour effet de réactiver l'association Cadémovi, dont la création remonte à 2005, année des premières rumeurs sur le sujet.

Depuis, les membres de l'association ont eu le temps de fourbir leurs armes. Leur principal argument pour refuser le projet concerne l'eau et précisément le risque de pollution du Durbion et par extension de la Moselle. Les dolines, présentes en nombre sur le site choisi, se matérialisent sous forme d'effondrements rocheux qui constituent des sites d'infiltration privilégiés. Seconde piste à explorer : le périmètre de sécurité autour du site. L'exploitant doit prévoir 200 mètres autour du site. Mais il est entouré de forêts donc il faut avoir l'accord des propriétaires.

Se poser des questions

"C'est beaucoup plus facile d'être pour un projet. Quand on est contre, on se pose plein de questions", avance Damien Perrin, président de Cadémovi. " On sait qu'on peut faire autrement", ajoute-t-il. Et cet "autrement" passe, en premier lieu, par le tri. " Avant, c'était la collecte devant la porte. A présent, c'est l'apport volontaire", regrette Bernard Perrin, maire de Bayecourt et membre de l'association. Ils mettent aussi en avant l'exemple du centre de valorisation des déchets de Ludres. "Mieux vaut la valorisation que l'enfouissement", insiste Daniel Hueber, vice-président de l'association.

Les membres de Cadémovi ont également du mal à "avaler" certains arguments de la SITA. Cette géo-membrane, mise au fond des alvéoles contenant les déchets, qui serait imperméable les laisse songeurs. " C'est également une installation classée donc à risque alors que la Sita nous dit qu'il n'y a pas de risque!", souligne Damien Perrin. " Plus on travaille sur le sujet et plus on se rend compte que leurs arguments sont légers", insiste-t-il.

Autre chose qu'il trouve un peu inconsistant : c'est le soutien politique. " Le député Michel Heinrich nous a dit clairement qu'on effrayait la population avec nos contre-vérités", s'agacent-ils. "La conseillère générale brille aussi par son silence", regrettent-ils.

Parallèlement, les membres de Cadémovi ressentent la pression de la Sita : "C'est leur dernier site potentiel dans les Vosges. Ils y tiennent car un centre d'enfouissement c'est rentable."

Malgré tout, leurs manifestations - marche des dolines et opération escargot - ont attiré quelques centaines de personnes sachant que la population dans le périmètre concerné ne dépasse probablement pas le millier d'habitant. Difficile dans ces conditions d'atteindre une large mobilisation.

Néanmoins, une manifestation est prévue le 12 septembre prochain à Epinal où tous ceux qui sont opposés à cette idée d'un centre de stockage sont invités. Malgré tout, l'association ne veut pas dévoiler toutes ses cartes car l'entreprise Sita devrait déposer son dossier de demande d'exploitation en octobre et l'enquête publique s'annonce pour le début de l'année prochaine. "Il faut en garder un peu sous le coude", sourit Damien Perrin qui espère bien imiter l'exemple de Robécourt et de sa mobilisation sans faille lors de l'enquête publique.

Cécilia CHERRIER ccherrier@vosgesmatin.fr