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Le pays de Cayres-Pradelles crie son «non» aux déchets

le 04.10.2009

Plus de 1500 personnes ont manifesté, hier à Cayres, alors que les élus ont tenu un conseil communautaire exceptionnel, en plein champ, pour dire «non» au projet d'enfouissement des déchets sur le site du Ronzet.



Rarement, pour ne pas dire jamais, le pays de Cayres-Pradelles n'aura connu une telle mobilisation : 1 500 personnes ont marché, hier après-midi, depuis le bourg de Cayres pour rejoindre le site du « Ronzet », sur lequel une prospection est menée par un cabinet d'études privé dans le but d'y installer un centre d'enfouissement des ordures ménagères.

Dans le même temps, les quarante-deux délégués communautaires, venus des dix-neuf communes du pays de Cayres-Pradelles, ont voté, à l'unanimité, une délibération marquant leur opposition à la réalisation de ce projet lors d'un conseil communautaire en plein champ, dans un terrain voisin du site pressenti.

Autant dire que, sur le plateau du Dévès, ce projet, qui fait parler de lui depuis la fin du mois de juillet, a réussi a dresser une quasi-unanimité contre lui. Même les parlementaires étaient présents hier pour soutenir les élus et la population, de même que de nombreux maires des communes voisines.

Pour les opposants fédérés au sein du collectif PPVV (Préservons le plateau du Velay volcanique), comme pour les élus, les arguments pour tenter de bloquer le projet sont toujours les mêmes, imparables : des terres agricoles, parmi les meilleures du plateau, en pleine zone de production de la lentille AOC ; un risque de pollution des eaux de nombreuses sources qui alimentent en eau potable 80 000 foyers du bassin ponot ; un impact visuel et olfactif à moins de 500 mètres des habitations ; un impact sur le tourisme à deux pas du site protégé du lac du Bouchet.

Mais pour tout le monde, il reste des interrogations. Les opposants ne croient pas que le bureau d'études 2N Environnement (lire notre interview publiée jeudi 1er octobre) agisse à titre privé, et cherchent à savoir qui est le commanditaire. Ils émettent surtout leurs craintes quant à la fiabilité des techniques d'enfouissement. « L'étanchéité de la membrane et des joints », ciblait spécialement le maire de Seneujols, Serge Boyer, « surtout en cas d'incendie. » Mais aussi la présence des biogaz pendant une cinquantaine d'années, « alors que la loi n'oblige une surveillance du site que pendant cinquante ans… »

« Notre communauté de communes, c'est 35 000 hectares pour 5 000 habitants. Mais il ne faut pas se laisser faire par rapport aux 220 000 habitants de Haute-Loire qui viendraient mettre leurs déchets chez nous » indiquait le maire de Landos, Jean-Louis Reynaud. Et au vu de la mobilisation d'hier, le plateau de Cayres ne semble effectivement pas prêt à se laisser faire…

Rémi Barbe

ILS ONT DIT

Serge Boyer (maire de Seneujols)

« Nous n'avons pas le droit, en tant qu'élu, de laisser faire ce projet. Nous avons été reçu au conseil général, par le préfet, qui a envoyé un courrier au bureau d'études. Dommage que notre ministre local n'ait pas accordé d'audience malgré les deux courriers qui lui ont été adressés. »

Marc Mouret (maire de Cayres)

« C'est aux élus de se mettre autour d'une table et de trouver une solution, avec des sites en Haute-Loire plus propices que d'autres. Chastel-Ligou n'était d'ailleurs pas si mal. Il faut que le département se saisisse du dossier. Gérard Roche (président du conseil général) s'associe toutefois à notre mobilisation contre ce projet. Une délibération devrait d'ailleurs être prise en ce sens par le conseil général. »

Pierre Gibert (maire de Costaros)

« Je suis en charge depuis quinze ans de la gestion des déchets sur le secteur de Cayres-Pradelles. Aujourd'hui, nos ordures sont traitées en Lozère sur le site de Badaroux, depuis que nous adhérons au Sictom des Hauts-Plateaux avec les cantons de Langogne et de Châteauneuf-de-Randon. C'est une sorte de retour d'ascenseur après que Saint-Paul-de-Tartas ait accueilli, pendant des années, les déchets de toute la Lozère.

Une loi de 1992 obligeait les départements à trouver une solution pour l'élimination des déchets dans un délai de dix ans. La Haute-Loire a essayé. Sans succès. Aujourd'hui, il y a une impasse. Brioude et Issoire ferment le site de Vergongheon, Allègre et Craponne-sur-Arzon ont mis un terme à celui d'Allègre. Idem pour la haute vallée de la Loire à Chastel-Ligou, l'agglomération du Puy-en-Velay avec « la Pépinière », l'Emblavez avec « Blanhac », tandis que Saugues ferme le site de Saint-Préjet-d'Allier. De telle sorte que seuls trois sites fonctionnent en Haute-Loire : à Tence qui reçoit des déchets jusqu'à Goudet, Monistrol-sur-Loire et Saint-Just-Malmont qui accueillent des déchets de la Loire avec le Sictom Velay-Pilat. Les autres sont dans l'expectative. De telle sorte que, si un privé propose une solution, il sera le bienvenu. »