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http://www.zoom43.fr/actu/ACT_detail.asp?strId=37194

Rebondissement dans le dossier du centre d'enfouissement de déchets à Cayres-Séneujols. La famille d'agriculteurs qui doit louer une partie du terrain au porteur du projet ne souhaite plus poursuivre. Elle aurait même reçu des menaces personnelles. Seulement voilà, elle a déjà signé une convention avec la société Sita-Suez.

"Ils ne nous ont pas dit toute la vérité quand nous avons signé." Daniel Vialla se sent floué par le cabinet d'études 2N Environnement et la société d'exploitation Sita-Suez sur l'impact écologique du projet de centre d'enfouissement de déchets à Cayres-Séneujols. Le fils des propriétaires d'une partie du terrain du Petit Ronzet reconnaît aujourd'hui que la famille a fait une erreur en signant le protocole d'accord avec la société Sita-Suez. Il évoque des pressions de la part des investisseurs privés et de certains élus qu'il ne nommera pas.

"Le projet de départ ne correspond pas à ce qu'ils ont présenté au final" (lire l'article), s'exclame Daniel Vialla. Le fermier ne s'attendait pas à ce qu'un monticule de 25 mètres soit érigé sur ses terres. Réponse du directeur de développement de Sita-Suez, Vincent Borel : "Le projet a toujours été présenté comme ça, on a toujours su qu'il y avait du basalte à 4 mètres de profondeur et donc qu'il faudrait une partie enfouie et une partie rehaussée. Les propriétaires ont fait un choix mûrement réfléchi".

Faille juridique De plus, la famille Vialla s'inquiète désormais de l'infiltration potentielle des lixiviats (jus d'ordures) sur les cultures de lentille AOC à proximité. Il a rencontré Gilbert Guignand, le président de la FDSEA43, le principal syndicat agricole, il y a une dizaine de jours pour demander de l'aide. Ce jeudi 22 octobre, une rencontre a eu lieu entre Sita-Suez et la FDSEA. "Chacun a campé sur ses positions, raconte Gilbert Guignand, ils sont persuadés du bien fondé de leur dossier et ils vont le déposer en préfecture". Le syndicat va donc tenter de trouver une faille juridique dans le protocole d'accord pour l'annuler, il recherche actuellement un avocat pour représenter la famille Vialla : "il va y avoir de la bagarre", prévient Gilbert Guignand. Pas impressionné, Vincent Borel, réplique que la convention signée est tout à fait valide et ne peut être remise en cause.

Sur sa ferme du Petit Ronzet, Daniel Vialla est amer : "aujourd'hui, je ne fais plus confiance qu'en ma famille et en la FDSEA", confie-t-il. Et pour cause, après s'être senti trahi par les investisseurs, il a reçu des menaces verbales et une écrite sur sa famille. Il ne souhaite pas s'adresser aux élus de Cayres-Pradelles ni au collectif Préservons le Pays du Velay Volcanique (PPVV) farouchement opposés au projet. Vincent Borel se déclare "entièrement solidaire de la famille Vialla qui a subi des attaques inqualifiables". Mais le fermier ne sait plus vers qui se tourner : "personne ne nous en aide, déplore-t-il d'une voix désespérée, aujourd'hui il y a une seule chose qui compte : sauver ma famille".

Courage politique Pour Gilbert Guignand, en effet, l'heure est grave. Il en a appelé aux élus : "je leur ai dit d'avoir du courage politique parce qu'on ne peut pas laisser les gens s'entretuer". A priori Michel Joubert, le président de la Communauté d'agglomération du Puy et Gérard Roche, le président du Conseil général, semblent pencher vers la position de la FDSEA. "Mais ils ne sont pas prêts à faire des déclarations publiques, pressent Gilbert Guignand, ils savent qu'il faut trouver un site pour traiter les déchets de la Haute-Loire".

Alors la FDSEA a fait une proposition : le Département possède 600 hectares à Chastel-Ligou sur le domaine du Sauvage, dont 500 hectares de boisé, pourquoi ne pas construire là le centre d'enfouissement? "Je préférerais un projet porté par le Conseil général plutôt qu'un exploitant privé, confie Gilbert Guignand, car on garderait le contrôle sur les risques de pollution". C'est donc une bataille de longue haleine qui commence là. Au final, la décision reviendra au préfet, mais "quel préfet?", se demande Gilbert Guignand. Car le dénouement de cette histoire ne pourra sûrement pas intervenir avant un an. Sachant que les préfets restent en poste un an et demi en moyenne, et que le préfet Richard Didier est arrivé en Haute-Loire il y a un an, il est fort probable qu'un nouveau préfet prenne la décision.