Journal LE PROGRES

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Comme elle le propose aux opposants, Sita-Suez a ouvert à la presse les portes de son installation du Doubs présentant des similitudes avec le projet de Cayres



Voilà à quoi pourrait ressembler l'installation de stockage des déchets non dangereux du « Ronzet », près de Cayres, s'il voit le jour. Dans le Doubs, à Fontaine-lès-Clerval, l'installation de stockage des déchets industriels banals a été inaugurée en mai 2008.

En pleine zone AOC du Comté, dans un territoire à dominante rurale, ce centre reçoit actuellement 45 000 tonnes de déchets par an, soit l'équivalent de vingt à trente camions par jour. C'est ce qui est projeté à Cayres. En revanche, le site du Doubs est programmé pour recevoir jusqu'à 85 000 tonnes de déchets par an dans les années à venir en raison de la fermeture d'un second site.

Voilà pour la comparaison. En ce qui concerne les différences, le site du Doubs ne reçoit pas exactement les mêmes déchets que celui projeté par Sita-Suez au « Ronzet », le plan départemental d'élimination des déchets du Doubs ayant opté pour l'incinération. En l'occurrence, ce site reçoit des déchets industriels banals (DIB), c'est-à-dire des déchets qui ne sont pas générés par des ménages, et qui ne sont ni dangereux, ni inertes. La principale différence : beaucoup moins de fermentiscibles.

Dans le fonctionnement du site, qui s'étend sur quarante hectares dont treize voués à l'enfouissement, peu de différence avec ce que Sita-Suez envisage à Cayres : les camions se présentent à l'entrée et passent un portail de détection de radioactivité. Ils sont ensuite pesés, les déchets sont vérifiés afin de s'assurer qu'il n'y a pas d'anomalie. Ensuite, les camions déversent les déchets dans l'alvéole ouverte (le site est exploité par succession d'alvéole de 1 500 m²). Un compacteur se charge de broyer les déchets et de les mêler avec de la terre pour éviter les envols.

« L'avantage de n'exploiter que sur 1 500 m² à la fois, c'est que cela permet de limiter le volume de lixiviats, d'envols et d'odeur », explique Véronique Prieto, ingénieur en développement et responsable du site de Fontaine-lès-Clerval.

« Par ailleurs, toutes les eaux qui passent par le site sont traitées, que ce soit les eaux de ruissellement, les eaux tombées sur le site hors stockage ou les eaux de stockage », ajoute Luc Wejux, responsable du site. Dans le cas présent, les lixiviats sont stockés et traités en station d'épuration.

Enfin, à noter qu'à son arrivée Sita-Suez a multiplié les partenariats (avec la LPO par exemple), notamment en nettoyant un gouffre voisin transformé en décharge sauvage.

Rémi Barbe


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« Il faut dédramatiser les déchets et enfin ouvrir le dialogue »

Depuis trois mois, c'est la guerre des arguments autour du projet. Parmi les craintes majeures, celles liées à la pollution de l'eau. Quelle est votre réponse ?

Aujourd'hui, nous savons assurer l'étanchéité parfaite de nos sites. Chaque goutte d'eau qui tombe ou qui ruisselle sur le site est traitée, comme c'est le cas à Fontaine-lès-Clerval. La géomembrane sert à éviter de solliciter l'étanchéité naturelle du sol.

Il y a aussi les questions sur l'AOC lentille verte. Vous maintenez que les éleveurs ne perdront par leur AOC ?

Le label AOC est associé à un territoire. Toute personne qui fabrique de la lentille dans la zone d'AOC et respecte le cahier des charges peut prétendre à la labellisation. Dans le Doubs par exemple, le site se situe en pleine zone AOC du Comté. Cela n'empêche pas des vaches d'être en pâture à proximité du site.

Aujourd'hui, après l'épisode houleux de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, quel est votre état d'esprit ?

On tend la main au dialogue. Sur le thème des déchets, il y a de nombreux débats sérieux sur lesquels il y a matière à discuter. Mais il faut arrêter de diffuser de fausses informations et admettre qu'il y a un besoin.

Tendre la main au dialogue, c'est laisser aussi entrevoir des possibilités d'aménagement ?

Bien sûr. Nous sommes ouverts à tout du moment que l'on est ouvert à nous. Nous proposons un site, faisons en sorte qu'il s'intègre au mieux et qu'il réponde au besoin. Concrètement, on pourrait imaginer qu'un agriculteur veuille installer des serres à proximité. Elles pourraient être chauffées avec les biogaz. Autre élément, nos sites de stockage s'allient souvent à des bâtiments de haute qualité environnementale. Aujourd'hui, je sais que si je dépose un permis de construire à Cayres ou à Seneujols, il me sera refusé. Donc nous allons avoir des locaux mobiles pour contourner le permis de construire. On connaît la loi et on sait faire ce genre de choses. Mais le risque, c'est que le site de stockage voit le jour mais sans toute la plus-value que nous aurions pu y apporter. On peut aussi discuter sur la hauteur du dôme. Mais cela sous-entend de pouvoir discuter.

Sans fixer d'ultimatum, combien de temps reste-t-il pour discuter ?

Il n'y a pas six mois avant que notre dossier ne soit présenté en préfecture. Il faut donc discuter maintenant car après, ce sera trop tard. Si le projet est accepté en préfecture, il ne sera plus modifiable.

Vous parliez tout à l'heure de fausses informations. Vous avez des vérités à rétablir ?

Quand j'entends, à la réunion de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, qu'il n'est pas possible d'évaporer les lixiviats ça m'énerve. Un évapo-concentrateur, ça existe ! Nous estimons à 2000 m3 par an le volume de lixiviats à traiter sur le site du « Ronzet » à Cayres. Aussi, nous aurons recours, trois mois dans l'année, à un évapo-concentrateur mobile qui va évaporer les 97 % d'eau que contiennent les lixiviats. Les 3 % de matière sèche restante seront à nouveau enfouies.

Quelles sont les retombées que peut espérer le territoire qui recevra ce site ?

Ce sont cinq emplois créés, sans compter les emplois induits sur la période de travaux ou dans la restauration lors des visites de site. Financièrement, c'est aussi une retombée pour les communes concernées avec une taxe à 1,50 euro la tonne enfouie, soit environ 60 000 euros à se partager chaque année pour les communes de Cayres et Seneujols.

Propos recueillis par Rémi Barbe