Journal LE PROGRES - 15/11/09

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http://www.leprogres.fr/fr/article/2192755,177/Projet-de-centre-d-enfouissement-des-dechets-a-Cayres-On-est-les-arbitres-mais-on-ne-connait-pas-les-regles.html

Mille cinq cents opposants avaient défilé au « Ronzet » au début du mois d'octobre / Archives Rémi Barbe

Trois mois après les premières levées de bouclier contre le projet de centre d'enfouissement des déchets, Daniel Vialla, exploitant des terres du « Ronzet », répond à nos questions et développe son envie de se rétracter

Le « Ronzet ». Un domaine isolé entre Cayres et Seneujols. Quelques bâtisses qui n'ont jamais été aussi seules qu'aujourd'hui. Perdues. Comme l'est actuellement la famille Vialla, prise au cœur de la tourmente, à qui on a fait miroiter de transformer le plomb d'une exploitation agricole centrée sur le lait en or. Et qui est dépassée par des événements qu'elle ne maîtrise plus. Daniel Vialla, le fils du propriétaire des terrains sur lesquels est projetée une installation de stockage des déchets non dangereux par le groupe Sita-Suez, s'explique.

Comment avez-vous été approchés pour le projet ?

Cela a débuté il y a un an. Il était alors question de nous acheter le domaine et les soixante-dix hectares. Nous avions dit non. Ils ont insisté. J'ai dit que ce n'était pas la peine de revenir. Ils étaient pourtant de retour au printemps, au moment où notre famille était dans la peine, où l'exploitation agricole souffrait de la crise du lait. Nous étions vulnérables. Ils nous ont proposé un système de location, tout autant avantageux financièrement. On a commencé à discuter.

Et tout s'est précipité…

Nous sommes allés voir un site près de Montélimar, propre, bien géré, qui faisait travailler du monde. Nous n'avions encore rien signé, mais ils ont commencé les études chez nous en juillet. Ils ont avancé. Nous étions toujours opposés mais nous réfléchissions. Dans nos têtes, cela pouvait valoriser tout le domaine. Et puis, l'affaire a été médiatisée mi-août. Les responsables nous ont mis la pression, venant six fois en dix jours… Et le 26 août, mon père a signé.

Peut-on dire que la médiatisation a tout accéléré ?

Elle a eu l'effet inverse de ce qui était escompté. On a pris en photo nos terres, on ne nous a rien demandés… On s'est senti vexés.

Vous avez fait l'objet de pressions. Au point de vouloir partir ?

Menaces verbales, menaces écrites, insultes… Nous avons tout eu. Nous avons fait le dos rond, demandé à 2N Environnement de faire une réunion publique pour expliquer. Partir, nous y pensons de plus en plus. Si le projet se fait, ce ne sera plus vivable pour nous. Nous serons obligés…

Vous avez, en quelque sorte, vécu dans l'invivable

Nous ne voulions plus voir les gens. J'ai dû démissionner de la FDSEA où j'étais responsable du canton. Nos connaissances sont devenues nos ennemis. Des gardiens veillaient sur la foreuse, la nuit et les week-ends.

Mais vous comprenez les arguments des opposants ?

Bien sûr. Personne ne veut d'une poubelle à trois cents mètres de chez soi. Pas même nous. Mais nous aurions touché quelque chose.

Aujourd'hui, vous souhaiteriez dénoncer le protocole d'accord, vous rétracter. Pourquoi ?

Nous avons été baladés, mis sous pression. On nous a laissé miroiter de l'or. Mais on nous a toujours parlé d'enfouissement, pas de dôme. Puis on nous a présenté les plaquettes du projet, en nous disant que les sondages étaient bons, alors que la foreuse n'avait pas encore quitté le site !

Comment comptez-vous faire volte-face ?

Nous avons pris un avocat il y a quinze jours. Mon père, propriétaire, a signé. Mon beau-frère et moi, non. Alors que nous sommes, avec le GAEC, les exploitants du site. Notre avocate, Me Diez, étudie le protocole d'accord. Nous engagerons une procédure à défaut d'une réponse d'ici le milieu de semaine. Nous allons aussi mettre notre avocate en relation avec celui du collectif PPVV (Préservons le plateau du Velay volcanique).

Vous avez des regrets, des reproches à faire ?

Devant des boîtes comme ça, nous sommes sans défense. Ils savent faire briller. On ne nous a jamais dit qu'il y aurait un tel soulèvement. Le problème, c'est qu'aucun élu, excepté les maires du secteur, n'a dit non au site. Tout le monde dit qu'il est mal choisi, mais personne ne s'y oppose. Il faut que les élus trouvent une solution. On est parti à l'envers dès le départ. Nous nous retrouvons arbitres, alors que nous ne connaissons pas les règles.

Les élus, c'est le sujet de toutes les rumeurs justement

Aucun élu ne nous a mis la pression. Nous n'avons jamais rencontré Laurent Wauquiez. Seulement Gérard Roche au début, puis le préfet avec Gilbert Guignand quand nous avons voulu faire marche arrière.

Vos priorités aujourd'hui ?

On ne veut plus que ça traîne. Il y a eu assez de mal comme ça.

Propos recueillis par Rémi Barbe


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Laurent Wauquiez a rencontré les élus

Le secrétaire d'État et maire du Puy a rencontré, jeudi matin, Marc Mouret et Serge Boyer, maires de Cayres et Seneujols, ainsi que Guy Hilaire, président du Pays de Cayres-Pradelles. D'après les propos rapportés de cette réunion, Laurent Wauquiez aurait confié « penser également que le site n'était pas le plus approprié » et a confirmé n'être en rien impliqué sur ce dossier. Les élus auraient, par ailleurs, fait naître d'autres pistes pour trouver une solution. Sans plus de précision. Laurent Wauquiez espérerait que d'autres privés proposent des projets.


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