Journal LA MONTAGNE - Samedi 5 décembre 2009

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L'opposition intacte après le face-à-face




Les uns accusent l'autre « de bluffer », l'autre reproche aux premiers « d'être butés ». L'unique rencontre entre le porteur du projet de centre de tri de Saint-Beauzire et ses opposants n'a rien révélé de nouveau.

La rencontre s'est déroulée le mercredi 25 novembre, dans les locaux de la Frane (Fédération Auvergne Nature et Environnement), à Clermont-Ferrand. « J'avais adressé au président de l'ASEB (Association de sauvegarde de l'environnement en Brivadois) trois courriers qui étaient restés lettres mortes. Alors, j'ai dû la jouer fine ». D'après Jean-Philippe Dessaulx, responsable du dossier pour le groupe Pizzorno, le rendez-vous qu'il avait sollicité avec la Frane était l'ultime solution pour provoquer la rencontre avec les opposants au projet de centre de tri et d'enfouissement de Saint-Beauzire. « Nous ne voulons pas de son projet et, pour l'heure, nous n'avions rien d'autre à lui dire », estime Louis Lagrange, président de l'ASEB.

Un « dialogue de sourds » ?

C'est le sentiment de la direction du groupe Pizzorno au sortir de cet entretien. Les membres de l'ASEB, quant à eux, pointent du doigt « le bluff » de ce qu'ils estiment être une nouvelle « opération de communication ». « Avant l'été, ils nous avaient déjà envoyé un document de présentation du projet à Saint-Laurent-Chabreuges, Saint-Beauzire et Saint-Just-près-Brioude. Avec un schéma idéaliste du site, des arbres, et même des personnages qui se promènent dessus ! », ironisent Louis Lagrange et son groupe. Panneaux photovoltaïques, « création de dix emplois », et même redevance compensatoire pour la commune (entre 80.000 et 120.000 euros par an d'après le groupe) : les arguments de Pizzorno n'ont pas su convaincre... « L'ASEB n'a pas d'ouverture d'esprit et méconnaît le sujet », se contente de rétorquer Jean-Philippe Dessaulx.

Mais ils savent compter.

La délégation de l'ASEB, à Clermont, n'a pas manqué de mettre les chiffres sur la table : « Une solution a été trouvée pour les déchets du Brivadois et ceux de l'Yssingelais. Il ne reste que ceux du Puy. Où Pizzorno compte-il trouver 80.000 tonnes de déchets ? »

Une question qui ne devait pas trouver de réponse lors de cet entretien, au regret des opposants. Et qui n'en trouvera pas tant que le site ne sera pas planté, à en croire Jean-Philippe Dessaulx. « Ce n'est pas réaliste d'en parler maintenant », estime-t-il. « Pour l'heure, nous allons soumettre le dossier au préfet, en janvier. Des contrats avec les collectivités seront ensuite passés à l'ouverture du centre, en 2012 ». Selon lui, les déchets du Brivadois n'ont rien à faire dans le Puy-de-Dôme. Le projet de l'incinérateur ? « Ça fait dix ans que le VALTOM en parle. La Haute-Loire doit trouver un plan pour ses propres déchets et préconise l'enfouissement. Nous lui proposons une solution en laquelle je crois ».

En revanche, note l'ASEB, « Pizzorno ne crache pas sur ceux du Puy-de-Dôme et du Cantal, où le groupe compte récupérer 30.000 tonnes par an ». « Dans un rayon de trente kilomètres autour du site », tempère Jean-Philippe Dessaulx qui, ne considérant visiblement pas comme un obstacle le fait que ces territoires aient déjà une solution pour leurs déchets, « il n'y en aura pas provenant de l'extérieur du département, sauf quelques zones limitrophes ». Y a-t-il un risque que les collectivités refusent de les lui confier ? « Il n'y a pas de raison que ça arrive. Et puis les commerces et les industries que nous avons rencontrées, via la CCI du Puy, nous soutiennent ». C'est loin d'être le cas du côté de Saint-Beauzire, où les membres de l'ASEB sont plus que jamais décidés à « ne pas laisser entrer le loup dans la bergerie »

Marie Coreixas brioude@centrefrance.com