Lien vers l'info : ICI

Croule-t-on toujours autant sous les déchets ménagers ? La Cour des comptes a publié quelque 300 pages sur la question. En version courte, il en ressort que si des progrès «indéniables» ont été réalisés dans la gestion des déchets depuis quelques années, il reste encore pas mal de progrès à faire. Sur le tri notamment : un trop grand nombre de déchets finissent dans les décharges, plutôt qu'en compostage et recyclage.

synthèse du rapport : c'est ICI


en intégralité : c'est ICI

374 kilos de déchets ménagers par habitant

«Après une longue période d'augmentation, le volume des ordures ménagères (hors collecte sélective et dépôt en déchetteries) diminue régulièrement depuis 2005», indique la Cour des comptes, sans être en mesure d'en déterminer les raisons — impact des politiques de prévention ou conséquence de la crise économique ?

En 2009, on jetait quand même 374 kg de déchets dans nos poubelles par an et par habitant (contre 391 kg en 2007). Mais à côté de ça, les déchets occasionnels (encombrants, déchets verts, dépôts en déchèterie) augmentent... Au final, la production de déchets des ménages continue d'augmenter, mais à un rythme moindre.

Des progrès réalisés

«La gestion des déchets ménagers a beaucoup évolué depuis 2002» et «le service public s'est largement amélioré», a assuré Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, en présentant ce rapport à la presse. Au rayon «bonnes nouvelles», les 128 incinérateurs en fonction respectent désormais tous les normes en matière de pollution de l'air, ce qui n'était pas le cas en 2004. Plus de 4000 décharges ont été fermées, 98,5% des communes proposent la collecte sélective, le nombre des déchetteries a doublé.

Trop peu de déchets recyclés

On résume. Une fois collectés, les déchets ont trois issues: le recyclage, l'incinération ou la mise en décharge pour les déchets ultimes. Quand on compare la situation de la France avec les autres pays européens, les progrès enregistrés «restent (très) moyens».

Ainsi, en France, on recycle ou composte seulement 33% des déchets, contre 70% en Autriche, 66% en Allemagne, 60% en Belgique ou aux Pays-Bas. Quant à l'incinération, 35% des déchets sont incinérés dans l'hexagone, contre 49% en Suède, 48% aux Pays-Bas, et 35% en Belgique.

Chez nous, 35% des déchets partent encore en décharge alors que des pays comme l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et le Danemark n'enfouissent pratiquement pas.

Pourquoi? «L'incinération est une vraie manne financière, c'est aussi pour ça que la prévention et le recyclage ne se développent pas», rappelle Didier Migaud. 91% des usines d'incinération et 89% des décharges sont exploitées par le privé, avec une hégémonie des grands groupes.

Des dépenses mal maîtrisées

La dépense induite par les seuls déchets municipaux est évaluée à 8 milliards d'euros, ce qui équivaut à environ 124 euros annuels par habitant (soit 33 centimes le kilo de déchets). Fait marquant, cette dépense a connu durant la période 2000-2009 une croissance moyenne annuelle de 6%, avec de fortes disparités (du simple au triple d'une collectivité à l'autre).

Comment expliquer cette hausse continue des dépenses? Dans son diagnostic, la Cour des comptes pointe plusieurs explications. L'évolution des normes, les charges de personnel et l'amélioration du service rendu. Mais aussi une mauvaise maîtrise des coûts par les collectivités, avec des équipements parfois en surcapacité, et surtout mal mesurés. Et des difficultés dans leurs relations avec leurs prestataires privés. Sur ce point, la Cour suggère que devienne obligatoire un budget annexe déchets et une présentation «plus uniforme».

Le système de financement devrait être également revu. Aujourd'hui, dans la grande majorité des communes, le service public de gestion des déchets est financé par une taxe payée en même temps que les impôts locaux, n'intégrant pas du tout le principe pollueur-payeur, regrette la Cour des comptes.