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Le tribunal administratif annule l’extension de la décharge du Cannet-des-Maures, qui reçoit les ordures de 120 communes. Les associations crient victoire. Le maire dénonce un site « qui pollue »

Balançan, le plus gros centre de stockage des ordures ménagères du Var, va-t-il être contraint de fermer ses portes dans un délai plus ou moins bref ? Les associations de défense de l'environnement (Éthique Environnement et la Société Nationale de Protection de la Nature) en sont intimement persuadées. Elles ont obtenu du tribunal administratif de Toulon, le mois dernier, l'annulation de l'arrêté préfectoral de juin 2009. Lequel autorisait la société Sovatram (membre du groupe Pizzorno Environnement) gestionnaire du site, à agrandir Balançan, au Cannet-des-Maures.

Si cette décharge ne peut plus s'étendre, comme elle est saturée, elle va donc fermer. Et les 120 communes (sur 153 dans le Var) qui y déposent leurs ordures, vont se retrouver avec des tonnes de poubelles sur les bras.

Un « monstre »

Paul Garcia, président d'Éthique Environnement, est persuadé que ce dossier, vrai roman-feuilleton à rebondissements, est arrivé à un tournant. « Depuis 1973, 10 millions de tonnes d'ordures ont été enterrées dans la plaine des Maures. Il faut que ça cesse. Et on ne lâchera pas »,martèle-t-il.La société Pizzorno Environnement, qui se refuse à tout commentaire, s'est bornée à nous faire savoir qu'elle fera appel de cette décision. Le tribunal, lui, a octroyé un an à l'exploitant du site pour qu'il revoie sa copie. « Mais, même avec ce délai qui adoucit la peine, cette fois-ci, la justice nous donne raison »,se réjouit le maire du Cannet-des-Maures, Jean-Luc Longour, qui se démène depuis toujours contre ce « monstre » implanté sur sa commune, au milieu de la toute nouvelle réserve naturelle nationale. D'autant plus, insiste l'élu, que « ce site polluerait, comme le prouveront des prélèvements effectués par un expert »(voir par ailleurs). Le rapport de ce dernier est certes provisoire, mais pour le maire, c'est déjà une évidence « on ne peut plus continuer à entasser des ordures sur une décharge qui fuit ».

« La richesse de cette plaine est reconnue. Elle est considérée comme hautement sensible. L'exploitant de la décharge, lui, bafoue les règles élémentaires de protection »,complète Paul Garcia. C'est d'ailleurs des motifs environnementaux que le tribunal administratif a retenus pour justifier son annulation. La justice reproche en résumé à la Sovatram des études insuffisantes concernant les incidences de cette exploitation sur les habitats protégés ou les espèces prioritaires qui vivent dans la plaine.

L'appui de l'Europe

Paul Garcia avoue que « le combat est de longue haleine ». Pour lui donner plus de force, son association va s'adresser à la cour européenne de justice, qui a la réputation de ne pas badiner avec les lois environnementales. Quant à l'avenir, « on tourne autour du pot, mais il faut trouver une issue. Quand on voit les conséquences sur la santé humaine… » Pour lui, enfin, « l'impasse » provoquée par la fermeture du site « pointe du doigt l'inertie de l'État pour dénicher une solution alternative. Le plan départemental des déchets n'avance pas. Or, si on cherche, on trouve des solutions »,assure le militant associatif.

« En octobre, j'en suis certain, même avec l'extension, le site sera plein. Et après, on fait quoi ?» demande de son côté le maire. Et de se réjouir : « Si l'État ne dit rien, cette fois, c'est la justice qui va dire stop ».