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L’ouverture d’une enquête publique relative à l’exploitation jusqu’en 2020 du site 4 du centre d’enfouissement du Cannet réveille les pires craintes. Celles de voir la décharge pérennisée à plus long terme. Parfois, lorsqu’il y a hémorragie, on n’en cherche pas la cause, mais à la stopper au plus vite ! » Ce n’est pas le médecin qui parle, mais le maire du Cannet Jean-Luc Longour. Le dossier du Balançan, point récurrent à l’ordre du jour du conseil municipal, a pris un tour plus grave mercredi soir. L’ouverture d’une enquête publique relative à l’exploitation jusqu’à 2020 du site 4 du centre d’enfouissement réveille les pires craintes. Celles de voir la décharge pérennisée à plus long terme. Les élus avaient pourtant de bonnes raisons de baisser la garde et d’afficher une certaine sérénité. En avril dernier, le tribunal administratif de Toulon avait annulé l’arrêté préfectoral de 2009 autorisant cette exploitation.

« Coup de force légal »

Mais patatras ! Voilà que Pizzorno-Sovatram, qui se déclarait alors « confiant en l’avenir de son site », remet le couvert. Sans attendre les conclusions de son appel, il a redéposé sa demande d’exploitation dans le délai d’un an qui lui était imparti 1 . « L’exploitant tente un coup de force légal, avec la complicité à peine voilée de l’État, pour imposer son site jusqu’en 2020, voire plus loin », s’emporte le premier magistrat Jean-Luc Longour et sa majorité en appellent ainsi à l’union sacrée contre ce projet. Dénonçant pêle-mêle « la situation de monopole de l’entreprise », « les pollutions avérées », « l’absence d’alternatives entretenue par les plus hautes instances »... il revendique « le devoir de dire stop ». Au nom de la responsabilité des élus de terrain à « se mobiliser pour l’avenir de (leurs) enfants ». Un appel du pied que partiellement entendu par l’opposition municipale. Christian Bernard prend acte : « On parle encore, mais rien n’est fait ». Et de s’interroger sur les leviers de la puissance publique existants. « L’Europe, le ministère ne peuvent rien faire ? » questionne l’élu. Un faux problème pour le maire, qui dit vouloir sortir de « ce syndrome de Calimero ». « Il n’y a pas que “ils”, il y a surtout “nous” pour s’opposer manifestement. » Et de manifestations, il est d’ailleurs à nouveau question.

Mobilisation sur tous les fronts

« Pourquoi pas une flash mob sur le site pour buzzer et nous faire entendre », propose-t-on dans l’assemblée. « Tout est envisageable. Il faut faire du bruit, du spectacle ». En attendant, les élus ont adopté à l’unanimité la délibération demandant la participation d’un représentant de la commune au CODERST. Ce Conseil de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques, chargé de débattre des politiques publiques pour la protection de l’environnement et la prévention des risques, est pointé du doigt pour son manque de représentativité. « Une entorse au bon exercice de la démocratie », juge le maire, écœuré par l’absence de toute consultation des premiers concernés. Une délibération adoptée, sans toutefois espérer de suites positives à attendre de l’administration. - 1 Le commissaire enquêteur est à la disposition du public et recevra les observations en mairie du Cannet, les 14, 15, 20, 22, 28 mars de 9 h à 12 h. Et les 8, 12, 18, 26 et 29 mars de 14 h à 17 h.



Éthique environnement : « Un constat accablant » En première ligne contre le Balançan, l’association Éthique environnement a commenté le dernier rapport d’expertises sur le site. Réclamée par le tribunal administratif au cabinet Vernet Expertises, l’analyse visait à vérifier sur le terrain l’impact écologique de l’exploitation. En quarante ans d’existence, plus de dix millions de tonnes de déchets ont été enfouies sur le site remarquable de la plaine des Maures, « zone pourtant surprotégée ». Le président Paul Garcia rappelle aussi que « l’exploitant (Pizzorno-Sovatram) a été condamné pour non-respect des dispositions légales des installations classées. Puis en août 2010, jugé coupable de deux délits avec condamnation pénale pour exploitation non conforme et sans autorisation. »

C’est en présence et à la demande de la commune du Cannet que le cabinet Vernet Expertises avait, en novembre 2011, procédé aux prélèvements et analysé les écoulements. « Présence d’agents chimiques et métaux lourds, ruissellements des eaux non maîtrisés, pollutions des eaux souterraines et de surface, contamination des couches sédimentaires… » Pour l’expert « l’impact est certain sur les deux versants qui encadrent le site.

Face à ce constat, Éthique environnement estime posséder suffisamment d’éléments pour porter, une nouvelle fois plainte au pénal. « C’est notre devoir, les fautes et délits caractérisés doivent cesser », indique Paul Garcia qui rappelle l’État à ses obligations. Par voie parlementaire, « nous allons poser une question orale au gouvernement lors d’une prochaine séance de l’assemblée ».