Journal "LE PROGRES" du 17 septembre 2009
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Haute-Loire

Cayres et Séneujols mobilisés contre un projet de centre d'enfouissement

le 17.09.2009

Mobilisation générale sur le plateau de Cayres, depuis que plane l'ombre d'un projet de centre d'enfouissement des ordures ménagères au cœur de la zone de production de lentille verte et du réservoir d'eau du bassin ponot

« Population en danger. » À l'entrée de Cayres, en bordure de la route départementale n° 33, des panneaux de fortune préviennent… et donnent le ton.

Depuis un peu plus d'un mois, le plateau du Devès est en ébullition. Ses habitants sont mobilisés contre un projet de centre d'enfouissement des déchets ménagers.

Depuis le début du mois d'août, la rumeur se faisait insistante… Jusqu'à ce que le maire de Cayres, Marc Mouret, ait la confirmation officielle : un exploitant agricole venait d'être approché par un cabinet d'études cherchant des terrains pour implanter un centre d'enfouissement des déchets ménagers. C'est la seule information dont disposent pour l'heure les opposants au projet. Impossible de savoir qui. Encore moins quand et comment.

Début septembre, des forages ont été réalisés dans un champ à proximité du lieu-dit « Ronzet » par le cabinet d'études « 2N Environnement » implanté dans le Var et spécialisé dans la conception, la réalisation et la gestion de projets d'installations classées. Mais nul ne connaît le commanditaire du projet. Pas plus que la quantité de déchets qui pourrait transiter sur le site, estimée pour l'heure à 270 tonnes par jour soit une trentaine de camions.

Quant au terrain sur lequel ont été réalisés les forages, il s'agirait d'un champ de vingt-cinq hectares à cheval sur les communes de Cayres et de Séneujols. Pour l'heure, ça ne reste que supposition.

Cependant, comme mieux vaut prévenir que guérir, il n'en aura pas fallu davantage pour provoquer une véritable levée de boucliers sur le plateau de Cayres. Très vite, les habitants se sont mobilisés et se sont fédérés au sein du collectif Préservons le plateau du Velay volcanique (PPVV). Il tenait sa première réunion publique d'informations autour duquel la mobilisation a surpris tout le monde : cinq cents personnes ont été réunies vendredi soir à la salle polyvalente de Cayres.

L'autre certitude, c'est que le plateau du Devès est unanimement mobilisé sur ce dossier. La communauté de communes du Pays de Cayres-Pradelles a fait savoir qu'elle était contre le projet. Tous les maires sont d'ailleurs invités à prendre une délibération en ce sens avec leurs conseils. Mais cette mobilisation dépasse les limites du plateau. Pendant que les habitants de Cayres et de Séneujols placardent leurs panneaux et leurs inquiétudes sur le bord des routes, les habitants du bassin ponot s'inquiètent de la possible réalisation du projet aux portes de chez eux. Cela même alors que le principal argument des opposants concerne la qualité des captages en eau potable qui alimentent la quasi-totalité de l'agglomération. De tracts en panneaux, de pétitions en manifestations, les opposants s'acheminent en tout cas vers un combat de longue haleine dans lequel ils ne connaissent pas encore leur adversaire.

Rémi Barbe

Serge Boyer, maire de Séneujols : « C'est un projet déraisonnable »

Un piquet à la main, des outils dans l'autre, Serge Boyer est un homme remonté. Élu maire de Séneujols en mars 2008, il ne comptait pas se retrouver, ce samedi matin du mois de septembre, en train de planter des panneaux sur le bord d'une route pour dire son opposition à un projet impactant sa commune.

Et pourtant, il est bien aujourd'hui l'un de ceux qui compte apporter son plus vif soutien au collectif PPVV et mobiliser la population.

« Ce projet est complètement inadapté à cet endroit. D'abord avec la proximité des habitations du « Ronzet », des « Vialettes », de « Bonnefont » et de « Céreyzet ». Ces terrains comptent parmi les fertiles sur la zone de production de la Lentille verte du Puy-en-Velay. Des producteurs situés à proximité verraient aussi leurs efforts anéantis, quand ce n'est pas leur exploitation. Le plateau du Devès est par ailleurs le réservoir en eau potable du bassin du Puy-en-Velay. Il n'y a pas suffisamment de recul pour affirmer qu'il n'y aura aucune infiltration des lixiviats dans les nappes phréatiques. Auquel cas y a-t-il une seule mère de famille prête à hypothéquer la santé de ses enfants et de ses petits-enfants pour un tel projet ? Enfin, il y a un argument touristique alors que ce site se trouve à quelques kilomètres seulement du Lac du Bouchet en passe d'être labellisé Respirand'eau. Ce serait un immense gaspillage d'argent public. »

Tout cela sans compter sur la pollution olfactive, la fin d'un paysage exceptionnel, l'augmentation du trafic de camions ou encore le risque potentiel d'incendies.

Propos recueillis par R. B.

Vincent Dewilde, président du collectif : « Mener une action dans la légalité »

Tout est parti d'une réunion entre amis, chez Vincent Dewilde, il y a une dizaine de jours. « Il fallait faire quelque chose », explique-t-il, alors qu'il a pris connaissance du projet, devant naître en face de chez lui, à son retour de vacances.

Et voilà comment on se retrouve à la tête d'un collectif qui compte déjà sept cents adhérents et qui prépare ses actions futures.

« Nous avons dans un premier temps installé une vingtaine de panneaux sur le bord des routes et préparer des tracts à distribuer. C'est ce à quoi nous avons pensé dans l'urgence. Maintenant, après notre première réunion publique, nous devons poursuivre l'information en touchant le plus large public possible. Nous allons tenir des stands sur la foire de Cayres, profiter du Roi de l'Oiseau au Puy-en-Velay pour distribuer des tracts. Nous allons surtout travailler aux côtés des communes pour qu'elles adoptent une délibération montrant leur opposition au projet. Nous allons demander une entrevue en préfecture car il n'est pas normal qu'un projet comme celui-là puisse voire le jour sans que personne ne soit au courant. Nous devons contacter le conseil général, les parlementaires, solliciter des entretiens. Puis notre combat, que nous voulons avant tout ancré dans la légalité, se doit aussi de sensibiliser au tri. Car on ne peut pas être seulement opposé au projet. Il y a une question qui se pose quant à l'élimination des déchets et il faut trouver des solutions. »

Propos recueillis par R. B.

> Note

Pour contacter le collectif PPVV, adresser un courrier à la Maison des associations, « Le Bourg », 43510 Cayres, ou par mail à ppvv43@aol.com