Journal Le Progrès - Jeudi 29 octobre 2009


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http://www.leprogres.fr/fr/region/la-haute-loire/haute-loire/article/2134719,183/Centre-d-enfouissement-le-ton-monte-sur-le-plateau.html


Hier, les porteurs du projet ont dû faire face à l'opposition, mobilisée contre la création d'un centre d'enfouissement des déchets près de Cayres. La discussion s'est vite envenimée

« Pourquoi vous vous acharnez sur nous ? Des sites, il y en a tant d'autres ! » Au milieu des noms d'oiseaux qui ont fusé, hier matin devant la mairie de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, c'est surtout la détresse d'une population qui s'est fait ressentir. Une population qui a découvert, il y a plus de deux mois maintenant, le projet d'un centre d'enfouissement des ordures ménagères sur les communes de Cayres et de Séneujols.

Et bien qu'un peu excentré, c'est bien autour de ce projet que le débat s'est une nouvelle fois fait entendre hier, alors que les représentants du bureau d'études 2N Environnement et de groupe Sita-Suez présentaient leur projet aux élus de Saint-Christophe-sur-Dolaizon. Des fuites avaient précédé cette visite (là même avait eu lieu dans la plus stricte intimité, il y a quelques jours au Brignon), de telle sorte que le collectif PPVV (Préservons le plateau du Velay volcanique) et les élus des autres communes concernées avaient eu le temps de s'organiser. La matinée s'annonçait tendue… Et elle a tenu toutes ses promesses.

A commencer par la réunion à proprement parler. Une réunion qui n'aura eu pour effet que de faire monter le ton. Chacun a campé sur ses positions. Les élus de Saint-Christophe-sur-Dolaizon, qui se sont prononcés contre le projet, ont fait valoir les arguments qu'ils ont eus le temps de rôder depuis deux mois : la présence des sources alimentant en eau potable tout le bassin du Puy, les terres agricoles labellisées AOC pour la culture de la lentille verte, la proximité du lac du Bouchet. Jean-Marie Barbaud (associé-gérant de 2N Environnement) et Vincent Borel (directeur du développement à Sita Suez) n'ont pu, pour leur part, que maintenir leurs certitudes quant à la viabilité du projet.

Le ton houleux de la réunion n'était au final qu'une mise en bouche par rapport à ce qui attendait les deux porteurs du projet à l'extérieur. Une cinquantaine de manifestants avaient entouré leur véhicule de déchets et de papiers hygiéniques. Banderoles au poing, ils ont saisi l'occasion pour invectiver ceux qui, depuis deux mois, leur empoisonne l'existence. « Ma maison est à trois cents mètres. Vous voudriez l'acheter ? Il faut peut-être que je vous la donne aussi ? », criera un manifestant excédé.

Autant dire que cette rencontre chahutée n'aura, au final, rien apporté de constructif au débat mais démontré, une fois de plus, combien le plateau est mobilisé. Seule nouveauté dans ce feuilleton qui n'en est certainement qu'à ses premiers rebondissements : le propriétaire des terrains souhaite, aujourd'hui, se rétracter. D'après les propos qui nous ont été rapportés, il estime avoir été floué lors de la présentation du projet. Ce qui est loin d'inquiéter Vincent Borel. « Nous avons aujourd'hui la maîtrise totale du foncier qui est contractualisée. Il n'y a, par ailleurs, rien d'étonnant à ce que le propriétaire se rétracte dans un tel climat et avec autant de pression sur ses épaules. »

Prochaine étape dans l'affaire : les membres du collectif PPVV distribueront des tracts samedi matin sur le marché du Puy-en-Velay.

Rémi Barbe