Journal LA MONTAGNE - 17 février 2017 ICI

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Sensibiliser à la réduction des déchets et au développement durable, deux missions que se donne l’Association de sauvegarde de l’environnement en Brivadois.
«Si on n'avait pas bougé, le centre d'enfouissement des déchets aurait été implanté à Saint-Beauzire. »

Pour Jérôme Sené, le président de l'Association de sauvegarde de l'environnement en Brivadois, créée en 2008 pour s'opposer au projet de l'industriel Pizzorno, la mobilisation des membres et des élus a payé. Le permis de construire a été refusé en 2013, la menace est écartée. Mais les membres restent aux aguets. Hier, 500 adhérents, aujourd'hui une centaine et toujours investis.

Une veille permanente

« On n'a pas de nouvelles de Pizzorno mais nous restons extrêmement vigilants et nous ne baissons pas la garde. Toute la population s'est mobilisée lors de l'enquête publique, le projet est resté endormi mais on n'a pas d'assurance qu'il soit complètement éteint, il pourrait être repris par d'autres alors on reste vigilants. Cette année, on a fait une sensibilisation des élus de la commune pour rendre impossible une construction industrielle sur ce terrain et une action sur le Plan local d'urbanisme qui est à l'étude. Ce dernier va permettre d'interdire un tel projet et on ne peut pas non plus déposer de permis de construire sur des zones en études de PLU. »

L'Aseb a ainsi entrepris trois démarches en 2016 : pour obtenir l'agrément préfectoral pour l'environnement, sur l'élaboration du PLU de Saint-Beauzire et une demande de participer à la commission sur Puy-Long. Un centre de stockage des déchets agréé jusqu'en 2025 mais qui sera bientôt saturé.

« Nous voudrions participer à la commission pour donner notre avis sur un éventuel nouveau site d'implantation et cette année, nous continuerons notre travail de veille en participant aux enquêtes publiques sur l'environnement et aux commissions d'études. »

"On voit mal comment on pourrait accorder un permis de construire pour un centre d'enfouissement !"

Lors de l'assemblée générale de l'association, vendredi soir, à Saint-Beauzire, le directeur du Valtom, Olivier Mezzalira, venu expliquer le fonctionnement de l'incinérateur clermontois (voir ci-dessous), a apporté un peu d'espoir. « Le Plan national déchets prévoit de réduire de 50 % le stockage de déchets d'ici 2025 alors on voit mal comment on pourrait accorder un permis de construire pour un centre d'enfouissement. C'est rassurant pour vous. Nous, nous avions cinq installations de stockage et nous allons passer à trois. Car il y a encore besoin d'unités de stockage pour les gravats, les encombrants. »

L'effort doit donc se porter sur la réduction des déchets, l'une des ambitions de l'association. Elle s'est ainsi lancée dans des actions de communication et de sensibilisation, auprès des collégiens et des habitants. « On a fait beaucoup d'études sur la réduction des déchets pour permettre de diminuer les problèmes de stockage. »

Nouvelle action que les membres vont mettre en place cette année, pour la semaine européenne de réduction des déchets : un travail avec un sculpteur brivadois qui recycle de la ferraille pour en tirer des objets d'art. Et qu'ils aimeraient mettre en place dans des ateliers sur le temps périscolaire des enfants.

La valorisation des déchets, comment ça marche à Valtom ?

Lors de l'assemblée générale de l'Aseb, Olivier Mezzalira, directeur du Valtom (syndicat pour la valorisation et le traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire) était venu expliquer le circuit de valorisation des déchets.

Le directeur du Valtom était accompagné de celui du Sictom Issorie-Brioude, Serge Batisse, pour démontrer l'impact de l'économie circulaire.

Outil principal du Valtom pour valoriser les déchets ménagers : le pôle Vernéa, mis en service en 2013, qui gère les déchets du Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire et produit du compost et de l'énergie.

1. Compostage de déchets verts. Après affination et maturation des déchets stockés, ils sont réutilisés pour les espaces verts publiques et les terres agricoles. Vernéa a fait une démarche de labellisation pour que leur compost soit utilisé en agriculture bio.

2. Méthanisation des biodéchets. Déposés dans un digesteur, ils s'y dégradent sans oxygène. Après maturation, ces digestats peuvent être réutilisés. Valtom est en cours de négociation avec GDF pour que sa production soit réinjectée dans le réseau de gaz.

3. Déchets ménagers résiduels. Ils passent dans des cribles rotatifs pour en trier les déchets secs (qui produirent de l'énergie) et les déchets humides (conduits ensuite vers une unité de valorisation pour produire de l'énergie électrique. Par ce biais, Vernéa répond aux besoins en électricité de quelque 70.000 habitants.

4. Mâchefers. les résidus de l'incinération sont eux aussi valorisés. Déferraillés, ils sont réutilisés dans le bâtiment et les travaux publics, notamment comme sous-couche routière. Près de 28.000 tonnes de mâchefers sont ainsi valorisées par Vernéa.

5. Bilan. Selon le directeur, Vernéa valorise aujourd'hui près de 83 % des déchets ménagers qu'il reçoit contre 40 % auparavant. Du côté du Sictom Issoire-Brioude, « en cinq ans, nous avons réduit de 7 % le nombre de déchets collectés sur notre territoire qui s'étend sur 144 communes, précisait Serge Batisse, directeur du Sictom Issoire-Brioude. Et 25 % de notre territoire collecté est équipé de compost. Nous avons également mis en place des composts collectifs dans des quartiers. »




Magali Roche