Journal LA SEMAINE DE L'ALLIER - 30 juillet 2009

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Une nouvelle décharge à ciel ouvert vient d'être inaugurée, à coté d'une ancienne décharge. Réactions.

« Ce deuxième centre d'enfouissement des ordures à 700 m du bourg a mis l'Association pour la Protection et pour l'Amélioration du Patrimoine Mailletois devant le fait accompli. Pour se débarrasser des déchets, il semble n'y avoir jamais qu'un seul site possible et un seul procédé de traitement des déchets envisageable !». Pour José Miranda, porte-parole de l'APAPM, qui avait appelé à la manifestation, jeudi dernier, jour même de « l'inauguration » de la nouvelle décharge, au lieu-dit Villenue, le dossier mériterait un soupçon de concertation avec les habitants de cette petite commune de 360 habitants.

La tradition du dépotoir

Accueillir les déchets de plus de 60 communes, Maillet l'aura bientôt « toujours fait »... et « en son coeur » : le premier centre d'enfouissement, dont l'APAPM « a appris la fermeture le jour de l'inauguration et jour de la manifestation », est situé à 300 m de l'école et... à 30 m du stade. Il suffit de s'en approcher une fois pour parfaitement comprendre que l'odeur qui en émane, pestilentielle, ait souvent condamné les joueurs de foot à renoncer à leur entraînement. Mais il y a un autre « désagrément » : la tradition a fait compter à l'APAPM, dernièrement, « une vingtaine de camions à circuler chaque jour ». Danger immédiat : « Aujourd'hui, ces camions passent au pied de l'école !». Le Conseil Général, qui « a hérité de la compétence des ordures ménagères, sans avoir rien décidé concernant Maillet », aurait aujourd'hui étudié trois nouveaux tracés permettant d'accéder au centre d'enfouissement. « Mais il y en a toujours un qui passe dans le bourg... », souligne le porte-parole. Le Conseil Général lui a annoncé une enquête d'utilité publique pour la fin 2009.

Une décharge, version XXL

« Le projet de cette deuxième déchèterie prévoit de traiter 100 000 tonnes de déchets par an sur 20 ans. Ces déchets vont venir de toute l'Agglomération, soit d'une bonne soixantaine de communes, mais aussi du territoire du SICTOM Nord Cérilly et Val de Cher et des départements prétendument limitrophes ». José Miranda se retourne : le premier camion auquel les manifestants ont bloqué l'accès au centre d'enfouissement neuf est immatriculé dans l'Essonne... « Ce sont des transporteurs de marchandises nous oppose-t'on... ». Et les transporteurs en question viennent, selon le porte-parole, « beaucoup de Haute-Savoie, du département de la Loire, du Tarn, de Haute-Garonne... Certains viennent même de Belgique !».

Enfouir est si facile !

«A défaut qu'une étude scientifique ait abouti » Claude Bouvet, qui préside l'APAPM, s'inquiète de la « pollution moléculaire » : «Il n'y a pas que du méthane qui brûle puisque les déchets arrivent non triés, mélangés aux ordures ménagères fermenticides ». Bien qu'on lui ait assuré que des « pompes de relevage » allaient garantir le risque de pollution des eaux, il reste sceptique. L'APAPM maintient qu'à chaque fois que la question de la pollution est posée au SICTOM de l'Agglo de Montluçon, on lui répond que « c'est COVED (NDLR : filiale de la SAUR) qui s'occupe du traitement des déchets ». Alors que les manifestants s'apprêtaient à passer la nuit sur le site (la gendarmerie avait fait lever le blocage dès 11h30) se tenait le conseil municipal à Montluçon. La déclaration liminaire du groupe PS-Verts-PRG donnait au maire Daniel Dugléry l'opportunité de rappeler qu'il « s'était rendu à Maillet, où les nuisances durent depuis plus de 20 ans ». Il a confirmé « la noria de camions », venus de partout. « Maillet n'est pas un réceptacle ! C'est bien pourquoi j'ai créé une commission pour dégager des solutions dans les 3 ou 5 ans ». Si l'APAPM est entendue, il lui reste à se montrer patiente.

Fabienne Ausserre